1984, Bronski Beat devient le porte-parole de la communauté gay de l'Angleterre thatchérienne...

Lorsqu'il débarque à Londres, en 1983, le chanteur écossais James Somerville est convaincu qu'il peut faire carrière dans la chanson. Son atout majeur : une voix unique de haut-contre dont la tessiture s'apparente à celle d'un ténor aigü. La new wave bat son plein, elle est portée par Tear for Fears, Talk Talk, Pet Shop Boys, Culture Club, Spandau Ballet ou Depeche Mode. Mais le jeune Jimmy, du haut de ses 22 ans, entend s'y faire une place. Ouvertement homosexuel, il fréquente la communauté gay de Londre ou il rencontre Steve Bronski et Larry Steinbachek qui maitrisent les claviers et les percussions mais qui ont besoin d'un chanteur pour monter un groupe. Le trio se forme sous le nom de Bronski Beat et court le cachet dans les cercles gay d'abord avant de trouver des engagements un peu partout dans Londres et dans le sud de l'Angleterre. Bronski Beat est porté par Jimmy Somerville dont la voix séduit un public large. Les textes des chansons du groupe évoquent clairement la situation des homosexuels dans l'Angleterre ultralibérale des années '80. Rapidement, Mike Thorn, producteur du label indépendant London Records, repère le groupe et l'emmène en studio pour graver les quelques chansons avec lesquelles le trio tourne sur scène. Parmi celles-ci, Why? qui évoque deux hommes qui s'embrassent en public devant le regard méprisant de badauds, It ain't necessary so, la reprise d'une chanson de l'opéra Porgy and Bess de George et Ira Gershwin qui évoque la condition des noirs dans l'Amérique des années '20 adaptée à celle des homos soixante ans plus tard, Need a man blues, qui raconte l'histoire d'un homme qui cherche un amant... et Smalltown Boy qui évoque l'homophobie dans les petites villes provinciales du Royaume-Uni et qui s'inspire probablement de la vie de Somerville qui est originaire de la banlieue de Glasgow, en Ecosse.

Smalltown Boy évoque donc l'histoire d'une jeune homosexuel qui ne rencontre que mépris, méchanceté et violence gratuite à cause de son orientation sexuelle, qui ne trouve pas le moindre réconfort auprès de sa famille... et qui s'enfuit (Run away, turn away) dans l'espoir de trouver mieux ailleurs. Pour servir le texte de la chanson, le clip vidéo montre le jeune homme en question (Jimmy Somerville) qui tente une approche avec un autre garçon dans une piscine publique, le garçon laisse entrevoir une opportunité avant de retourner sa veste devant ses potes et d'humilier l'homo. Plus tard, celui-ci est coursé par cette bande homophobe (le clin d'oeil fait par le nageur est-il l'expression d'un sentiment refoulé en public ou une ruse pour pourvoir "casser de l'homo" ?) et se fait tabasser avant d'être ramené chez lui par la police. Ses parents et la police rejettent la faute de l'agression sur lui, de victime il devient quasiment coupable alors il s'enfuit. Le clip et la chanson se terminent sur une note d'optimisme puisque l'on voit Jimmy Somerville qui s'en va vers mieux, le sourire au lèvres... Rapidement, Smalltown Boy va devenir l'hymne de la communauté gay de Londres et porter la cause homo au delà de ses cercles fermés puisque la chanson cartonne dans toute l'Europe. Jimmy Somerville donne une image "normale" des homosexuels portant le jean et le t-shirt comme les hétéros, sans falbalas, loin de la caricature des drag queens et des "folles" maquillées à outrance que beaucoup s'imaginent.

L'album Age of Conscent (L'âge du onsentement) marche également plutôt bien. Il est le tout premier album au contenu entièrement axé sur l'homosexualité interprété par un groupe 100% homosexuel qui évoquait les vrais problèmes des gays dans la société anglaise des années Thatcher... Age of Conscent et le single Smalltown Boy présentent sur leur pochette respective le triangle rose, symbole des homosexuels exterminés dans les camps de concentration nazis, qui deviendra, par la suite, le symbole de l'association militante de lutte contre le Sida Act Up... Somerville deviendra d'ailleurs un membre actif de cette association. En 1985, il quitte Bronski Beat pour fonder The Communards avec le pianiste classique et premier prix de conservatoire Richard Coles. Avec The Communards, Jimmy Somerville rencontre encore le succès avec des titres comme So cold the night, Never can say goodbye ou la reprise de Don't leave me this way. A partir de 1988, il tente l'aventure en solo avec d'autres reprises comme You make me feel (mighty real) ou Comment te dire adieu... Mais c'est en devenant le porte-parole de la communauté homo anglaise dans les années '80 que le ténor aigü de Glasgow touche la gloire.

Bronski Beat - Smalltown Boy ORIGINAL VIDEO

Smalltown Boy

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