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The Blog That Rocked
11 septembre 2014

Light my Fire

1967, le premier pas des Doors sur la voie du mythe...

 

light my fire

L'histoire des Doors est celle d'un éclair qui a traversé la seconde moitié des années soixante foudroyant tout sur son passage à une époque où la liberté créatrice était totale et souvent assistée de substances licites et illicites. Rapide, intense et immortel, c'est par ces trois qualificatifs que l'on pourrait résumer la carrière du groupe de rock psychédélique angelien. Bien qu'ils se furent cotoyer à l'UCLA où ils étudiaient tous les deux le cinéma, la véritable rencontre entre Jim Morrison et Raymond Manzarek a lieu, sur la Plage de Venice Beach, le 8 juillet 1965. Tous les deux viennent d'obtenir leur diplôme et sont en quête d'avenir. Morrison, fasciné par Verlaine, Rimbaud, Blake et Baudelaire, s'évade souvent dans l'écriture de poèmes. Il en récite, sur la plage, quelques-uns à Manzarek qui, sous le charme de l'intensité lyrique des écrits qu'il entend, propose la création d'un groupe de rock afin de mettre ses textes en musique. Pianiste avec une formation académique, Ray Manzarek est déjà membre du groupe Rick & the Ravens qu'il a créé avec ses frères Rick et James. Morrison devient le chanteur du groupe et propose de le rebaptiser The Doors en référence au livre The Doors of Perception d'Aldous Huxley, lui-même inspiré d'une citation William Blake, l'un des poètes préférés de Morrison. "There are things known and things unknown, and between are the doors. That's what I wanna be"(1) dit-il pour justifier ce nom un peu surprenant pour un groupe de rock. Jim commence à imposer sa vision faite de mysticisme, de chamanisme, de reptiles, de philosophie et de transe sous psychotropes. Si Manzarek, adepte de méditation transcendentale, adhère à la vision, les autres membres du groupe la rejettent et s'en vont à l'exception de la bassiste Patricia Sullivan qui reste. John Densmore, le batteur du groupe The Psychedelic Rangers, fréquente les mêmes cercles de méditations que Ray Manzarek et n'hésite pas à rejoindre The Doors lorsque Manzarek le lui propose. Avec une solide formation de batteur de jazz, Densmore apporte un plus indéniable au niveau de la rythmique du groupe. Jim au chant, Pat à la basse, Ray aux orgues et John à la batterie, il ne manque qu'un bon guitariste. Ce sera, sur conseil de Densmore, Robbie Krieger, qui joua aussi avec les Psychedelic Rangers et qui peut tout jouer, du blues au flamenco en passant pas le rock et le jazz. Mal à l'aise dans le groupe, Patricia Sullivan quitte le groupe et plutôt que de chercher un autre bassiste, ce rôle est confié à Ray Manzarek qui assurera désormais la basse... à l'aide d'un clavier Fender Rhodes(2). The Doors tournent rapidement dans les bars tendances de Los Angeles, sur le Sunset Strip, The London Fog et Whisky a Go-Go où ils se font remarquer par le label Elektra dont le manager, conscient de la puissance du groupe signe un contrat pour la production de six albums. L'aventure peut commencer !

Un premier album mis en boite en une semaine...

Le groupe dispose de plusieurs chansons pour composer le premier album qui portera le nom du groupe, comme c'est souvent le cas à cette époque. The End, une longue complainte freudienne qui résulte d'une improvisation de Morrison, un soir sous LSD au Whisky a Go-Go, Break on Through, une apologie du LSD qui permet d'ouvrir les Portes de la Perception, The Crystal Ship, une chanson d'amour, Take it as it comes, Soul Kitchen, qui repose sur les sonorités peu commune au groupe d'un hard-rock naissant, Twentieth Century Fox, une métaphore de l'univers du cinéma et de la télévision, sont autant de titres rodés. Mais Jim Morrison cherche un titre nouveau, une chanson que le public n'aura pas encore entendue au moment de la sortie de l'album prévue pour la fin de l'année. Robbie Krieger propose alors une de ces composition, Light my Fire, longue ballade doucereuse qui ne cadre pas forcément avec le rock psychédélique proposé par The Doors. L'ambiance de la chanson plait à Jim Morrison mais son texte n'est pas tout à fait achevé. Aussi le retravaille-t-il pour y apporter le second couplet. John Densmore propose d'accéler un peu le tempo tandis que Ray Manzarek compose une intro à l'orgue qui s'inspire de Jean-Sébastien Bach. Ainsi retravaillée, Light my fire est devenue un ballade psychédélique de sept minutes. Pur produit de la créativité commune des quatre membres des Doors, la chanson est parfaite et est choisie pour être le premier single mis sur le marché. L'album The Doors est enregistré en une semaine à la fin du  mois d'août 1966, il est complété par la reprise d'un vieux blues de Howlin' Wolf, Back door man, et l'adaptation d'un air d'opéra écrit par Bertholf Brecht et Kurt Weill, Alabama Song.

En route vers le mythe


Sorti le 4 janvier 1967, The Doors séduit un public large et diversifié qui va des adolescents en quête de romantisme aux intellos de la Côte Est qui vantent le lyrisme des textes de Morrison en passant par les amateurs de rock psychédélique et les assidus de la Beat Generation. En avril, Light my Fire sort en single, la version est raccourcie à trois minutes pour passer en radio et en télé. Le titre entre directement au Billboard Hot 100 et y reste plusieurs mois dont à la première place durant tout le mois de juillet 1967. La chanson franchit l'Atlantique pour envahir la vieille Europe et le Pacifique pour conquérir l'Australie; The Doors deviennent mondialement célèbres avec leur premier 45 tours. Light my Fire sera reprise plus de cent fois par des artistes totalement différents, elle sera mise à toutes les sauces, version soul par Stevie Wonder, Isaac Hayes, Minie Riperton ou Al Green , version R&B par The Four Tops, version flamenco par José Feliciano, version jazz par Nancy Sinatra, version bossa-nova par Astrud Gilberto, version trip hop par Massive Attack, version disco par Victoria Abril, version psychobilly, un mélange détonant de punk et de rockabilly, par Nekromantix... Light my Fire sera traduite en italien, en espagnol, en portugais, en français, en allemand et en indien par Ananda Shankar, le neveu de Ravi. L'album The Doors est une plaque essentielle des années '60, elle introduit le groupe de Jim Morrison qui va devenir mythique; Light my fire en est le premier extrait, celui qui lancer l'exceptionnelle carrière des Doors !

Light My Fire - The Doors

light my fire

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(1) "Il y a les choses connues et les choses inconnues, et entre les deux il y a des portes. C'est ça que je veux être" extrait de la biographie de Jim Morrison No one here gets out alive, de de Jerry Hopkins et Danny Sugerman (1980 Plexus Publishing)
(2) Ray Manzarek joue lors de tous les concerts des Doors simultanément de deux claviers : un orgue Vox Continental, qui donne un son particulier à la musique des Doors, et un piano électrique Fender Rhodes qui fait office de guitare basse. Pour les session d'enregistrement en studio, le groupe fera appel à de "vrais" bassistes comme Lonnie Mack, Larry Knechtel ou Leland Sklar.

 

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