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The Blog That Rocked
29 août 2014

The dock of the bay

1968, le virage pop qu’aurait pu prendre Otis Redding

 the dock of the bayAvec six albums en trois ans, Otis Redding s’est forgé une place de choix dans la soul music. Il en est même resté l’un des piliers les plus stables car s’il grava six plaques de son vivant, ce sont 15 LP qui ont été publiés, à titre posthume, entre 1968 et 1999. Né, en 1941, dans une famille très religieuse et très pauvre de Georgie, Otis Redding doit rapidement abandonner l’école pour ramener de l’argent à la maison. Il cumule les petits boulots et joue de la batterie, le dimanche, à l’église pour donner le rythme aux groupes de gospel qui s’y produisent. Redding est vite repéré par Johnny Jenkins, un guitariste de blues, qui le prend dans son groupe. L’agent de Jenkins est convaincu que cet Otis là a de l’or dans la voix, avec ce petit trémolo langoureux, il peut devenir une référence de la ballade soul. Otis Redding met en boite sa première chanson, These arms of mine en 1963. Et cela fonctionne plutôt bien. La chanson est multi diffusée sur les radios de Georgie, d’abord, et puis de tous les états du sud-est ensuite… Un album, Pain in my heart (1964), est rapidement gravé, il reprend plusieurs ballades langoureuses. L’année suivante, c’est un recueil de ballades qui signe Redding. On le catalogue Black crooner mais une c’est une chanson plus rythmée, Mr Pitiful qui lui permet de faire sa première entrée dans les hit-parades américains à l’été 1965.

Dans la foulée, Otis Redding enchaine avec un album plus enlevé, plus achevé aussi. Otis Blue est probablement ce qu’il a fait de mieux. La plaque contient d’excellents morceaux originaux comme Ole man trouble ou I’ve been lovin’ you mais aussi quelques reprises remarquables comme Satisfaction, des Rolling Stones, My girl, de Smokey Robinson, ou Shake, de Sam Cooke, la référence de la musique soul qui est décédée, de façon suspecte dans un motel californien, quelques mois plus tôt… Mais Otis Blue contient surtout une perle exceptionnelle qui n’aura pas le retentissement qu’elle mérite à sa sortie. Cette perle c’est Respect qui devra attendre qu’Aretha Franklin le reprenne pour connaître un succès mondial. Mais Respect c’est une chanson d’Otis Redding !

Le Georgien est au sommet, ses titres séduisent un public de plus en plus large. En 1966, il signe un nouveau titre remarquable ; Try a little tenderness, un sublime mélange de ballade langoureuse qui connait une apothéose survoltée à grands coups de cuivres et de grosses caisses… Redding est le petit prince de la soul music, il la domine et lui impose son empreinte.

Le tube posthume…

A l’été 1967, Otis Redding est en tournée. Il se remet d’une opération à la gorge et profite de cette petite tournée tester sa voix. Le soir, il compose diverses mélodies. Lors de son passage en Californie, il loge sur un bateau amarré à Sausalito. Alors il imagine, aidé par Steve Cropper(1), une histoire un peu autobiographique qu’il colle à une de ces mélodies qu’il a composée. C’est en novembre 1967 que la chanson, The Dock of the Bay, est enregistrée en studio. Le résultat est différent de ce que fait Redding habituellement, plus pop, plus mélancolique aussi… Mais cela plait au chanteur qui voit là l’opportunité de donner une nouvelle orientation sa carrière. The Dock of the Bay doit être entourée d’une dizaine d’autres chansons pour constituer l’album éponyme… Otis Redding passe cet automne 1967 à jongler entre tournée en cours et enregistrement de l’album. Durant la nuit du 9 au 10 décembre 1967, Otis Redding embarque à bord de son avion, accompagne de son groupe habituel, Bar-Kays, pour rejoindre le nord des Etats-Unis. L’appareil s’écrase dans le Lac Monona, dans le Wisconsin. Otis Redding meurt dans l’accident comme tous les musiciens de Bar-Kays sauf Ben Cauley. L’album The Dock of the Bay sort en janvier 1968 et le titre-phare rencontre un succès extraordinaire…

On ne saura jamais si Otis Redding, encouragé par le succès de The Dock of the Bay, allait donner un ton plus pop à la suite de sa carrière mais ce n’est pas impensable. La petite histoire veut qu’Otis Redding soit mort trois ans, jour pour jour, après Sam Cooke. Les deux grosses pointures de la soul musique des années ’60 sont mortes un 10 décembre !

Redding est une figure importante incontestable de la musique américaine du 20è siècle, malheureusement beaucoup continuent de n’associer le chanteur qu’à ce seul The Dock of the Bay… C’est outrageusement réducteur ! Otis Redding c’est aussi des standards comme Mr Pitiful, That’s what my heart needs, Respect ou le sublime Try a little tenderness

Otis Redding-Sitting on the dock of the bay

(Sittin’on) the Dock of the Bay

Sitting in the morning sun
I'll be sitting when the evening comes
Watching the ships roll in
And I watch 'em roll away again

Sitting on the dock of the bay
Watching the tide roll away
I'm just sitting on the dock of the bay
Wasting time

I left my home in Georgia
Headed for the 'Frisco bay
'Cause I had nothin to live for
And look like nothing's gonna come my way

So I'm just Sitting on the dock of the bay
Watching the tide roll away
I'm just sitting on the dock of the bay
Wasting time

Look like nothing's gonna change
Everything still remains the same
I can't do what ten people tell me to do
So I guess I'll remain the same

Sittin here resting my bones
And this loneliness won't leave me alone
It's two thousand miles I roamed
Just to make this dock my home

Now, I'm just Sitting on the dock of the bay
Watching the tide roll away
I'm just sitting on the dock of the bay
Wasting time


Traduction :

Assis dans le soleil du matin
Je serai encore assis quand viendra le soir
A regarder les bateaux qui arrivent
Et je les regarderai encore s’en aller

Assis sur le quai de la baie
A regarder la marée descendre
Juste assis sur le quai de la baie
A passer le temps…

J’ai quitté ma maison en Georgie
Vers la baie de San Francisco
Parce que je n’avais plus de raison de vivre
Et que cela ne servait à rien
D’aller et venir.

Donc je vais juste m’asseoir sur le quai de la baie
A regarder la marée descendre
Juste assis sur le quai de la baie
A passer le temps…

Regardez comme rien ne change
Tout reste toujours pareil
Je ne veux pas faire ce que dix personnes me disent de faire
Alors je crois que je vais rester là, à écouter

Assis ici, reposant mes os
Avec cette solitude qui ne me quitte plus
Ecoute, cela fait 2000 miles que j’erre
Juste pour faire de ce quai mon chez-moi

Maintenant je vais juste m’asseoir sur le quai de la baie
A regarder la marée descendre
Juste assis sur le quai de la baie
A passer le temps…

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(1) un guitariste qui travailla beaucoup avec Otis Redding avant de participer à la création du Blues Brothers Band

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