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The Blog That Rocked
8 août 2014

You can't always get what you want

1969, les Stones revisitent le Swinging London avec une ballade oscillant entre optimisme et résignation...

you can't always get what you wantFondé en 1962, les Rolling Stones ont réellement pris leur envol en 1965 avec The last time, d'abord, et (I can' get no) Satisfaction, ensuite. Les deux titres sont les premiers numéros 1 des Stones, d'autres suivront dans les semaines qui suivent. Avec les albums Out of our heads (1965) et, surtout, Aftermath (1966) qui contient les perles Lady Jane, Under my thumb et Paint it black (sur la version US), les Rolling Stones naviguent désormais au même niveau que les Beatles, ou presque... Le groupe de Jagger se laisse porter par des influences psychédéliques et indiennes dans lesquelles les Beatles ne tarderont pas à s'engouffrer également. L'année 1966 est celle d'une tournée gigantesque, près de 300 dates à travers le monde. Aussi le groupe ressent-il le besoin de souffler et de s'engager dans des projets personnels. Pendant les premiers mois de l'année 1967, les Rolling Stones font donc un break mais c'est aussi le temps des problèmes pour Brian Jones qui s'enfonce dans la consommation de drogue. Jagger et Richards sont arrêtés en possession de stupéfiants mais ils sont vite relâchés, notamment sous la pression du journal The Times qui publie des articles en faveur des deux Stones. Brian Jones a des problèmes similaires mais, au contraire de ses comparses, plonge profondément. Des tensions surgissent entre les membres du groupe, notamment entre Keith Richards et Brian Jones, elles seront d'ailleurs amplifiées par une trahison sentimentale, Richards piquant la petite amie de Jones... Malgré cela, les Rolling Stones retournent en studio et l'album Their Satanic Majesties Request sort en décembre 1967. Il se veut parodie de l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles, sorti en juin précédent, et c'est un échec complet. Les chansons sont moyennes, le succès commercial n'est pas au rendez-vous. A la limite, c'est l'originalité de la pochette, en 3D, qui marque le plus l'album... Cet échec tombe au plus mal car le rock entame une période de transition, si l'Angleterre s'était positionnée en leader du rock avec la British Invasion du début des sixties et le Swinging London, le virage psychédélique est parfaitement négocié par les groupes américains et l'émergence des Doors, de Jimi Hendrix, de Grateful Dead, de Jefferson Airplanes ou de Spirit déplace le centre de gravité du rock vers la Californie. Pour les Beatles, c'est le début de la fin, le rapprochement de John Lennon et de Yoko Ono crée des tensions dans le groupe, ce qui n'empêchent pas les Fab Four de travailler sur leur Album Blanc. Bref, pour les Rolling Stones, il faut frapper un grand coup sous peine de passer sous l'éteignoir du rock... Ce grand coup transite par un retour à un rock teinté de blues avec le fabuleux album Beggars Banquet qui sort à la fin de l'année 1968. L'enregistrement s'est fait entre mars et juillet et les Stones accouchent d'un chef d'oeuvre - peut-être leur meilleur album - qui contient notamment No Expectations, Salt of Earth, Street fighting Man et, surtout, la fabuleuse provocation Sympathy for the Devil à travers laquelle Jagger et Richards évoquent ouvertement le Diable qu'on leur avait reprocher de sous entendre dans plusieurs chansons de l'album précédent.

Beggars Banquet reste 93 semaines dans les charts anglais et ramène les Stones au sommet du rock mondial. Mais c'est aussi le dernier album complet enregistré avec Brian Jones. En effet, celui-ci est viré du groupe en juin 1969 parce qu'il est totalement accro aux drogues et incapable de jouer correctement de la guitare. Un mois plus tard, Brian Jones sera retrouvé mort dans sa piscine... Les Rolling Stones sont alors en pleines sessions d'enregistrement de leur nouvel album, Let it Bleed (probablement encore un clin d'oeil ironique aux Beatles). C'est Mick Taylor qui remplace Brian Jones pour la fin de l'enregistrement. Il restera avec le groupe jusqu'en 1974. L'enregistrement de l'album ne fut pas un long fleuve tranquille puisqu'il débute à la  mi-novembre 1968 pour s'achever presqu'un an plus tard avec de longues plages d'interruption. Les 16 et 17 novembre 1968, les Rolling Stones enregistrent le titre qui conclura l'album, You can't always get what you want. A l'origine, la chanson est basique et souvent interprétée par Mick Jagger sur une guitare acoustique, chez lui. Jamais il n'avait pensé à la mettre sur une plaque du groupe. Mais, petit à petit, l'idée a fait son chemin car le contenu était plutôt porteur. La chanson parle d'optimisme tempéré par le désenchantement, elle parle de drogue (meet her connection, allusion à un dealer) , et d'alcool (In her glass was a bleeding man - allusion à l'alcoolisme et à la souffrance qu'il génère) en posant le constat optimiste que si on ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut, on peut parfois avoir ce dont on a vraiment besoin. You can't always get what you want est, en fait, une référence aux années de folie du Swingin London où la fête battait son plein où l'alcool et la drogue (ndlr le LSD n'était pas prohibé alors) circulaient dans tous les sens... Oui, en définitive, cette chanson peut être un succès. Mick Jagger envisage alors d'introduire un choeur pour le refrain.

L'enregistrement se déroule de façon particulière, déjà pour les choeurs c'est la Chorale de Londres qui est amenée sur place par la production. Jagger voulait un choeur, on lui fournit une chorale professionnelle et reconnue à travers le monde. Ensuite, Brian Jones, déjà en délicatesse, est écarté. Jagger introduit un piano, un orgue et des instruments plus exotiques comme des congas, des maracas et même un cor de chasse... Enfin, Charlie Watts, le batteur des Stones, ne maitrisant pas le groove nécessaire au morceau laisse sa place à Jimmy Miller... le producteur du groupe. C'est une formation vraiment particulière qui travaille pendant deux jours sur l'enregistrement de You can't always get what you want qui sort, en face B du 45 tours Honky Tonk Woman, en juillet 1969.

Si l'album Let it Bleed est considéré comme une transition entre l'ère Brian Jones et l'ère Mick Taylor, Il contient quelques désormais classiques des Rolling Stones comme Gimme Shelter ou Midnight Rambler, qui fait allusion à l'Eventreur de Boston. Sa chanson phare, You can't always get what you want est devenue, quant à elle une référence de la musique du 20è siècle... C'est aussi ça le propre des grands musiciens : faire des chansons qui marquent l'histoire dans des albums de transition !

The Rolling Stones - You Can't Always Get What You Want - Glastonbury

You can't always get what you want

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Commentaires
J
Merci pour ces précieuses informations autour de la création puis de l'enregistrement sur plaque (enfin sur disque) de la chanson "You can't always get what you want ", une des plus belles créations des Stones. J'adore l'album de 1969" Let it Bleed" qui reste pour moi un bijou d'excellence (bien que j'apprécie aussi le précédent "Beggars Banquet " et le suivant "Sticky Fingers" ).Ce blog est un délice !
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