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The Blog That Rocked
5 août 2014

Daydream

1969, un groupe belge fait un carton dans 21 pays avec l'adaptation d'un extrait du Lac des Signes...

daydreamA la fin des années '60, en plein Swinging London, la musique pop-rock anglaise domine la scène mondiale. Des groupes comme les Rolling Stones, The Kinks, Herman's Hermit, The Smalfaces, The Yardbirds, The Moddy Blues ou encore les Beatles l'ont emmené à la conquète de la planète dans un mouvement que les médias américains ont qualifié de British Invasion. En 1967, un groupe belge baptisé Sylvester's Team végète et se produit dans de petites salles autour de la capitale. Ce groupe, totalement amateur, est composé de cinq membres dont deux appartiennent à l'orchestre philarmonique de Bruxelles, Raymond Vincent et Jacques Namotte. Vincent entend donner un son particulier à son groupe, il cherche en fait à électrifier de la musique classique (sa formation de base) et a déjà fait quelques essais, notamment avec un extrait de du Lac des Cygnes de Tchaikovski. Alors que le chanteur quitte le groupe, un remplaçant lui est trouvé à l'aube de l'année 1968, Sylvain Vanholme. Ce dernier a déjà pas mal bourlignué dans différents groupes en Flandres et à Bruxelles, il fit notamment partie du groupe ostendais The Seabirds avant de rejoindre succèssivement Les Enfants Terribles, Six Babs rebaptisé ensuite Babs et les Babettes avant d'aboutir dans 16th Century.  Partout où il passe, Vanholme impose sa présence et marque les esprits. Il en va de même avec Sylvester's Team pour lequel il voit plus grand que la banlieue bruxelloise. Le rêve ultime de Vanholme est d'ailleurs d'enregistrer un disque à Londres... Le groupe prend ses marques et tourne en Belgique. Raymond Vincent propose alors à Sylvain Vanholme d'écrire des paroles pour son adaptation de l'extrait du Lac des Cygnes. Rapidement, la chanson prend forme elle s'intitule Daydream et déborde de romantisme, de fleurs et de ruisseaux qui coulent... Un vrai slow langoureux ! Elle est testée sur scène et fonctionne bien; Sylvester's Team doit franchir une étape, le groupe possède suffisamment de chansons que pour faire un album... ne reste qu'à trouver le producteur ! Alors Sylvain Vanholme prend sa plume et contacte Jean Martin, le responsable du Secrétariat des Artistes Belges dont les contacts dans le milieu du management musical peuvent servir les intérêts du groupe. Martin connait Vanholme de l'époque de ses groupes précédents, sait qu'il est talentueux et la manière dont Sylvester's Team est présentée - un groupe pop qui allie rock, jazz et musique classique - l'interpelle aussi décide-t-il de les voir sur scène. Il détecte immédiatement le potentiel du groupe mais est surpris par l'ultimatum que lui lance Sylvain Vanholme qui, en substance, lui déclare : "Tu nous trouve un label à Londres, un studio pour enregistrer un album et tu deviens le manager du groupe. C'est le deal à prendre ou à laisser". Parce qu'à l'époque on ose oser et parce que c'est peut-être là l'opportunité d'exploser dans le management musical qu'il attend depuis longtemps, Jean Martin prend Van Holme au mot et, muni d'une maquette du groupe, s'envole pour Londres...

Là, par l'intermédiaire du patron d'EMI Belgium, il dispose d'un contact qu'il parvient à rencontrer et auquel il vend Sylvester's Team comme "un groupe aussi talentueux que les Bealtes"... Parce que même quand on ose, il faut un brin de chance, il se trouve que le producteur que Martin recontre, un certain David MacKay, débarque de son Australie natale et doit faire ses preuves chez EMI. Il cherche donc un "coup" à réaliser et accepte de se déplacer à Bruxelles pour écouter Sylvester's Team. Fin octobre 1968, David MacKay est à Bruxelles, le groupe se produit dans une discothèque à la mode, Les Gémeaux. Ils sont prévenus de la présence de MacKay et savent que c'est "maintenant ou jamais". Après avoir chauffé la salle avec des classiques des Beatles, Sylvester's Team propose se propres création avant de conclure par Daydream. Dès les premières notes de violon, David MacKay est séduit, l'enthousiasme du public achève de le convaincre. Sylvester's Team enregistra une plaque chez EMI, à Londres ! Un courrier officiel arrive le 6 novembre 1968, un rendez-vous est fixé à Londres en janvier 1969, le groupe belge passera trois semaines... dans le mythique studio d'Abbey Road. Dans ses rêves les plus fous, Sylvain Vanholme n'aurait jamais imaginé enregistrer dans le studio des Beatles !

Après plusieurs semaines de répétitions intensives, Sylvester's Team entre en studio pour graver son premier album(1). La première semaine est consacrée à de nouvelles répétitions en conditions studio avec des musiciens et des techniciens de studios. 14 titres composeront l'album baptisé Laughing Cavalier, le choix de Daydream comme porte-drapeau de l'album est fait par David Mackay tant il est vrai que ce morceau est une évidence. Lors de l'enregistrement, MacKay décide de faire chanter Daydream par Freddie Nieuland, la batteur du groupe, plutôt que par Sylvain Vanholme. Ce sera le seul titre jamais chanté par Nieuland. MacKay a alors une idée de génie, celle de faire chanter les Na na na na na... qui concluent la chanson par un choeur plutôt que par les membres du groupe. Mais il veut un choeur imposant, alors il bat le rappel partout dans chez EMI. Techniciens, commerciaux, secrétaires et même un Directeur sont réquisitionnés pour composer un choeur de 80 personnes qui reprend les Na na na na na... L'album mis en boite, il reste un souci majeur : David Mackay est convaincu que le nom Sylvester's Team ne convient pas. 16th Century, le nom du groupe précédent de Vanholme, encore parfois utilisé pour certains concerts, est proposé. C'est mieux mais pas encore assez Swinging London ! A proximité d'Abbey Road se trouve un musée célèbre, The Wallace Collection, qui abrite une belle collection de peintures flamandes du 16è siècle. Flamands, Belges, 16è siècle, 16th Century, peinture classique, musique classique (qui influence, rappelons-le DayDream)... tout cela tourne dans l'esprit de MacKay pour aboutir à une évidence : le groupe s'appellera Wallace Collection !

Daydream sort en 45 tours le 28 février 1969, l'album Laughing Cavalier suit la première semaine d'avril. Pour faire face aux obligations, les membres de Wallace Collection doivent quitter leur boulot. Ainsi Sylvain Vaholme démissionne de la société d'assurances pour laquelle il travaille, Raymond Vincent et Jacques Namotte quittent l'orchestre philarmonique de Bruxelles, à la grande stupéfaction de ses dirigeants qui voient deux de leurs musiciens quitter la musique classique pour faire du rock ! Daydream devient numéro 1 dans 21 pays à travers le monde, le single s'écoule à plusieurs millions d'exemplaires. Sylvain Vanholme, Jean Martin et David MacKay ont réussi leur coup !

Mais Daydream est un feu de paille ! En juin 1970, un second 45 tours sort chez EMI avec les titres We gotta do something new et Where qui apparaitront sur le second album du groupe Serenade. Celui-ci sort en septembre 1970 mais ne rencontre aucun succès. Wallace Collection se tourne alors vers la musique de cinéma et compose de trois films avant de se séparer en 1971, juste après la sortie de l'album La Maison, bande originale du film éponyme. Chacun part se son côté, Sylvain Vanholme connaitra encore le succès avec le groupe Two Mand Sound qu'il fonde, dans un style totalement à l'opposé de Wallace Collection, avec Lou Deprijck. Jean Martin collabore encore à ce projet. Mais le vrai gagnant de l'aventure Wallace Collection est assurément David MacKay qui a lancé, en même temps que le groupe, sa carrière de producteur et qui travaillera ensuite avec de nombreux artistes comme Bonnie Tyler, Dusty Springfield, Cliff Richard, Billy Ocean, Johnny Logan, The Bee Gees et même Eric Clapton...

Wallace Collection - Day Dream

Daydreaml

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(1) un 45 tours titré Hold the Line avait été enregistré par les membres du groupe sous le nom de Birds and Bees, dans le courant de l'année 1968

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